Page:Georges Damian L’Ardente Flibustière 1927.djvu/45

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 43 —

de peur, emportant dans sa tombe le secret des voluptés offertes à cinq noirs.

En vérité, personne, plus que ces hommes sombres, n’était docile et fraternel à ses amis comme eux le furent depuis la venue de l’Espagnole. Pourtant celle-ci était vieille, je l’ai dit, et laide à faire peur à un ara rouge.

Il fallut d’ailleurs déchanter sur les richesses du bateau conquis à si grand mal. On n’y trouva que du rhum, du cacao, des épices, des étoffes de laine fort laides pour vêtir des nègres de plantations dans le sud et un lot de trois mille portraits du roi d’Angleterre destinés à être vendus en façon de propagande aux colons de la Nouvelle Écosse.

Les sept femmes qu’on trouva furent convenablement violées et de la façon la plus divertissante. On les posséda tantôt pendues par les pieds, — je ne dirai pas plus — et tantôt pendues par les poignets, à une vergue qu’un mousse agitait. On les fit chanter en les violant, ensuite, à la façon de Porto en Portugal, avec des tiges de fer chauffées au rouge. Enfin on les fit remorquer au bout d’un filin sur la mer pleine de requins, jusqu’à ce qu’elles fussent dévorées.

Cela amusa tout un jour l’équipage du Saint-Elme.

Le soir, le matelot Pête-Dur, moko de Marseille-la-grande, et gaillard plein d’astuce vint voir Pissacier et lui dire que le coup était pour le soir même lorsqu’on aurait bu douze litres de rhum au moins, ce qui ne demanderait pas plus de deux heures.

Et Pissacier, qui vivait secrètement libre dans la cale, quoique Adussias la crut ferrée, se réjouit sinistrement en tâtant son corps nu qui semblait toujours avoir la lèpre.