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pas plus que son ombre. Néanmoins, chaque jour plus abruti par l’alcool, et croyant malgré tout à l’affection de sa subtile et passionnée maîtresse, il tenait à la garder près de lui, pensant que nul complot — terreur des pirates — ne serait fomenté sans que, grâce à elle, il en soit averti.

En passant près de l’île de la Tortue, on croisa le vaisseau de haut bord conquis par le vrai roi des pirates du temps : Antoine Malouin, surnommé le comte Boutecul, dont l’audace et le sang-froid, la cruauté aussi ont laissé de tels souvenirs aux Antilles, que, dans toutes les villes, il y a une rue Boutecul.

Bien des sots se sont demandé ce qu’elle signifiait. C’est le souvenir du chevaleresque et audacieux flibustier de ce nom.

Le Saint-Elme et le Boutecul (car tous les vaisseaux dont disposa Antoine Malouin portèrent ce nom) se saluèrent du pavillon noir et le Rouquin commanda de se diriger vers le sud où il se tenait assuré de trouver, par indications données, quelques-uns des bateaux déroutés qui servaient à la Compagnie anglaise des Indes occidentales.

Une belle nuit, qu’il était saoul et accompagné de son mousse, le Rouquin vit entrer dans son petit palais, armé comme une redoute, Adussias qui, sans mot dire, lui coupa la tête.

Le lendemain, Adussias était le capitaine du Saint-Elme.