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de rançons… Qu’en faire ? Elle servit deux nuits aux nègres et on la pendit le troisième jour, car elle n’avait pas su les contenter aussi bien que la vieille duègne qu’ils gardèrent dorénavant.

La femme ramassée par le marquis n’était que la maîtresse de l’Inquisiteur-Major de l’Andalousie. Son amant l’avait fait vêtir d’une chemise de maille pour être assuré qu’elle ne le tromperait pas durant son voyage aux îles, où elle devait recueillir un héritage inestimable : précisément les coffres de pierres précieuses dont le Rouquin s’était emparé.

Il fallut trois jours de travail pour dévêtir cette femme de sa carapace d’acier. Cela lui avait été fixé sur la chair même et soudé aux épaules par le fameux Azzana, le subtil armurier de Saragosse.

Mais, lorsque la malheureuse fut enfin nue, ce qui peut se dire nue, et que l’on vit sa peau vergetée et marquée, le marquis s’en dégoûta tout à fait. Il la donna comme soubrette à Adussias, qui, après l’avoir utilisée à la poncer, épiler et masser, s’en servit pour des soins plus intimes et finalement en fit une sorte de sigisbée féminin.

Ainsi allaient les affaires à bord du Saint-Elme, qui faisait maintenant voile vers l’île San Nosopoa-Lliga.

On y parvint le 4 août. Là furent vendus, au plus haut cours, les individus survivants et le bateau espagnol lui-même, amené d’ailleurs avec d’infinies difficultés, et non sans craintes et soucis jusqu’à ce repaire de bandits. Il faut pourtant avouer que toutes ces prises, haut cotées trouvèrent des acquéreurs généreux. Le navire fut payé vingt mille livres sterling d’Angleterre, par le fameux flibustier écossais Simsrope, dit Lord