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de pointe et à la face. Il sait que ce sont toujours les agents de liaison et les complices des coups de traîtrise.

Le marquis, lui, cherche les gens qu’à leur apparence il croit nantis de quelque noblesse. Il n’aime pas à égorger des manants. Il a vu, dès le début, un grand homme à l’habit passementé, qui paraît commander à une trolée de laquais. Il dit à son fidèle serviteur la Bouline :

— À toi les valets. À moi le maître !

Et bientôt la roture gît à terre, déconfite, tandis que le gentilhomme crie d’une voix de tonnerre au chef :

— Rends-toi !

L’autre fait un signe d’acquiescement et reçoit, en même temps, une pistolade qui le couche à terre.

Le marquis rit de bon cœur en se ruant aussitôt sur un gaillard en tricorne rouge qui doit être au moins gouverneur dans les colonies espagnoles d’Amérique.

Il lui porte un coup d’estoc à la face et en même temps lui tire son second pistolet au bas-ventre.

— C’est le coup de Montezuma ! dit-il en s’esclaffant.

La Manchette est tailladé de dix coups de sabre et le sang lui coule partout, mais nulle blessure n’est jusqu’ici capable de l’arrêter. Il crie en frappant de partout :

— Bonjour à ta femme, hé porte-fesse !…

Cette injure semble lui porter bonheur. Il a étendu au moins dix étrangers.

Quant à Adussias, elle sauta, il faut l’avouer, la dernière sur le vaisseau espagnol. Ce n’est point qu’elle eut peur, mais l’habitude lui manquait un rien. Toutefois, au milieu des cris, des vociférations, des blasphèmes, et des injures, des prières et des appels, des chants furieux et