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moindre vaisseau marchand y est armé en guerre. Il ne suffit pas de le visiter, il faut le conquérir.

Cependant, l’équipage du Saint-Elme devenait ombrageux.

Adussias, se sentant un peu responsable de cette rage sourde contre le Rouquin, se prodiguait pourtant de son mieux. Elle tenta, pour satisfaire le plus possible de ses compagnons, des jeux amoureux multiples et difficiles qui pouvaient réduire plusieurs jouteurs ensemble. Elle fit boire le Rouquin, et tenta aussi sur lui des expériences érotiques propres à l’endormir tout à fait. Elle fit enfin tout son possible afin que la paix continuât, tant bien que mal, de régner.

Mais il y eut encore un incident. Certain jour de mai où le temps était doux et lyrique, le marquis commença un poème à Adussias, la belle du Saint-Elme. La chose allait seule et se serait terminée brillamment, si, heureux de sa muse, M. de Salistrate de Baverne d’Arnet n’avait eu l’idée de vouloir récompenser ensuite Adussias, en faisant avec elle la bête à deux dos. Il répétait ses deux derniers vers :

Car ta quille ô Vénus, baille malgré l’étoupe,
De ce plaisir encor qu’en toi j’éperonnai.

Ce lui parut si somptueux de musique et de grâce verbale qu’il courut donc vers la maîtresse du Rouquin pour lui faire sentir son talent.

Par malencontre, elle était, à ce moment précis, en conversation amoureuse avec Bourse-en-Pie. Le marquis ne le put supporter et prenant son pistolet, il brûla