Page:Georges Damian L’Ardente Flibustière 1927.djvu/14

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 12 —

en attendant les richesses à conquérir sur les bateaux conquis. On buvait donc, on pratiquait posément les manœuvres utiles, on se battait de temps à autre pour une partie douteuse de dés, mais sans que le sang coulât et on aimait…

Adussias passait des mains exigeantes du capitaine dans celles ingénieuses du second. De là, elle venait au coq dont les goûts étaient uniquement féminins. Il caressait la belle fille, qui, excitée, portait cela au chirurgien, un médecin illustre de Paris, condamné à être pendu pour un pamphlet contre Sa Majesté et que le Lieutenant de Police d’Argenson dont il avait accouché heureusement la femme, condamnée par tous, s’était entremis pour faire évader. Il se nommait Guillebert. C’était un homme froid et ardent qui coupait lui-même la tête de tous les malheureux passagers dont le métier se rapportait à la Justice, quelle que fût leur nationalité.

Des étreintes un peu vicieuses, et lassantes par leur complication, de M. Guillebert, Adussias passait à celles du premier maître de manœuvre qui se nommait de Salistrate de Baverne d’Arnet. Celui-là s’attestait marquis. Il était né dans un château à trois cents fenêtres, entouré de cent lieues de terres matrimoniales. Hélas !… À vingt ans ne s’était-il pas avisé d’écrire un sonnet sur Mme la marquise de Maintenon, veuve Scarron et épouse morganatique de Sa Majesté. Le sonnet était amusant. Il contenait ces vers, sans doute fâcheux, mais défendables :

Le Roy dit : « Ouvre ta mortaise à mon tenon,
Tes fesses sont le vrai Grand Palais de Versailles !
Et ta bouche dira : « Jusqu’à demain, tenons… »