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la démocratie, le comte Stanislas de Clermont-Tonnerre disoit, à cette époque, à la comtesse Le Groing, sa parente, qui gémissoit sur les atteintes données à la religion par l’assemblée constituante, et de qui je le tiens : « On travaille, il est vrai, à la détruire ; mais ses racines sont profondément entrées dans le cœur des Français ; il faudra deux ans pour en éteindre le flambeau mais dans trois ans la France ne sera plus ni catholique ni chrétienne. » Ce démagogue, d’abord feuillant et zélé constitutionnel, s’étoit rallié aux jacobins sans en avoir l’acharnement et la scélératesse ; mais il vouloit jouer un rôle. Il avoit de l’esprit, de l’éloquence, de la figure et de l’amabilité, mais point de moralité ni de religion. Il a été massacré dans une émeute populaire, à Paris sa démagogie n’a pu le sauver de la fureur d’une populace qui brise tôt ou tard les idoles qu’elle a encensées. Mirabeau écrivoit dans son journal, que bientôt en France les temples et les églises ne seroient plus que comme les ruines des monumens du paganisme, qui rappellent encore le souvenir de l’idolâtrie et de la superstition : tel étoit dés lors le langage de ceux qui avoient juré la perte de la catholicité. Auroit-on pu croire, à cette époque, c’est-à-dire en novembre 1789, que des êtres de cette espèce étoient doués,