M. l’abbé Georgel, jeté par le hasard dans le vaste tourbillon du grand monde, a joué un rôle assez marquant, quoique secondaire, sur ce théâtre mobile, et son nom se trouve lié aux événemens qui assurent une longue célébrité à l’époque mémorable de la fin du dix-huitième siècle. Les mémoires, précieux pour l’histoire de son temps, qu’il a légués à ses contemporains, lui assureront peut-être aussi à lui-même une place dans leur souvenir, et alors une esquisse rapide des principales circonstances de sa vie, ne pourra qu’intéresser les lecteurs : elle les préparera aux confidences qu’il va leur faire. C’est dans cette vue que nous allons essayer de la tracer.
Jean-François Georgel est né, le 29 janvier 1731, à Bruyères, département des Vosges. Ses parens, quoique peu favorisés des dons de la fortune, mirent tous leurs soins à lui procurer une excellente éducation. L’éclat de ses premières études fixa sur lui l’attention des jésuites, ses maîtres, et, suivant leur politique accoutumée, ils ne négligèrent rien, pour s’emparer de son esprit.