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mens, ainsi que de sa juste renommée. La religion et les mœurs, les sciences et la littérature, l’enseignement et l’éducation, étoient la carrière que ses enfans parcouroient partout avec le plus grand succès. Son institut, regardé comme le chef-d’œuvre de l’esprit humain, éclairé et guidé par l’esprit de Dieu, avoit donné des saints à l’église, et aux lettres de grands hommes. Cette société fameuse s’étoit élevée, osons le dire, au-dessus du niveau de tous les ordres religieux, malgré tous les obstacles de l’envie et de la calomnie réunies, malgré la persécution à toute outrance des ennemis publics et cachés de l’église romaine.

Dieu, dont les décrets sont impénétrables, a permis que ce grand arbre, qui étendoit ses rameaux sur les deux mondes, fût abattu et déraciné : la société des jésuites n’est plus ; sa destruction est consommée ; à un foible rejeton près, qui se conserve encore dans un petit coin de l’Europe (la Russie Blanche), sous la domination et la protection de l’empire de Russie. Seroit-ce une pierre d’attente réservée pour relever l’édifice ? Dieu le sait.

Je voudrois, pour une histoire si intéressante, un écrivain impartial, dont le style nerveux attachât l’âme de son lecteur par les couleurs qui représenteroient la marche des passions qui ont fait agir les