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adam bede.

le moment d’après comme une joie retrouvée ; les feuilles encore vertes étaient emportées des haies en tourbillonnant ; autour des fermes on entendait le bruit des portes qui battaient, les pommes tombaient dans les vergers, et les chevaux errants le long des sentiers sur les vertes prairies avaient la crinière flottante. Cette agitation de l’air semblait contribuer au plaisir général, grâce au soleil qui brillait. Une heureuse journée pour les enfants qui couraient et poussaient des cris pour voir si leurs voix domineraient le bruit du vent, et les personnes d’âge mûr étaient aussi de bonne humeur et portées à croire à de plus beaux jours quand il tomberait. Pourvu seulement que le blé ne fût pas assez mûr pour être enlevé des épis et dispersé comme une semence hors de saison !

Dans un jour semblable, une douleur poignante peut toutefois accabler l’homme ; car, s’il est vrai que la nature semble à certains moments chargée de pressentiments pour le sort d’un seul individu, ne paraît-elle pas aussi, dans d’autres, être insouciante ? Il n’est pas une heure qui n’amène de la joie ou du désespoir, pas une matinée resplendissante qui n’apporte quelque nouvelle augmentation aux misères aussi bien que de nouvelles forces au génie et à l’amour. Nous sommes en si grand nombre et nos positions sont si différentes ! Pourquoi s’étonner que la nature offre si souvent un violent contraste avec les grands événements de nos vies ? Nous sommes enfants d’une nombreuse famille, et, comme tels, nous devons apprendre à ne pas espérer que nos parents se préoccupent beaucoup de nos blessures, et nous contenter d’un peu de nourriture et de quelques caresses en nous prêtant mutuellement d’autant plus de secours.

C’était une journée bien occupée pour Adam, qui, dans ces derniers temps, avait fait presque double travail, car il continuait à être contre-maître de Jonathan Burge, jusqu’à