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adam bede.

vineront la raison et me feront des questions, car on a assez parlé pour et contre la probabilité que j’eusse la place pendant ces trois semaines.

— Eh bien, tu peux dire qu’on t’a ordonné de venir sans t’en dire la raison. C’est la vérité. Et la mère sera joliment contente de ça. Allons le lui dire. »

Adam n’était pas le seul convive invité à monter pour quelque autre motif que celui qui y donnait place aux gros tenanciers. Il y avait dans les deux paroisses d’autres personnes dont les fonctions, plutôt que leur position pécuniaire, faisaient la dignité, et Bartle Massey était du nombre. Sa marche claudicante était plus lente que de coutume à cause de la chaleur de ce jour ; aussi Adam resta en arrière quand sonna la cloche du dîner, afin de pouvoir monter avec son vieil ami, car il était trop timide pour se réunir à la famille Poyser dans cette circonstance. Quelques occasions de se trouver près d’Hetty se présenteraient bien dans le cours de la journée, et Adam se contentait de cette espérance, car il n’eût point voulu courir le risque d’être « plaisanté » au sujet d’Hetty ; — cet homme si grand, si franc et sans crainte, était très-réservé en faisant sa cour.

« Eh bien, monsieur Massey, dit Adam quand Bartle le rejoignit, je vais dîner là-haut, avec vous, aujourd’hui ; le capitaine m’en a envoyé l’ordre.

— Ah ! dit Bartle en s’arrêtant, une main derrière le dos. Alors il y a quelque chose sous le vent, — il y a quelque chose sous le vent. Avez-vous appris les intentions du vieux chevalier ?

— Mais oui, dit Adam ; je vais vous dire ce que j’en sais, parce que je crois que vous pouvez tenir votre langue tranquille si vous le voulez, et j’espère que vous ne laisserez pas échapper une parole jusqu’à ce que la chose soit publique, car j’ai des raisons particulières pour qu’on ne le sache pas.