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adam bede.

— Je ne sais trop comment je pourrais arranger cela, ma mère ; il conviendrait peu que je protégeasse une prêcheuse méthodiste, même si elle consentait à se laisser patronner par un berger paresseux, comme m’appelle Will Masquery. Le vieux gaillard voudrait me voir excommunier le charron, puis le livrer à la justice, — c’est-à-dire à votre grand-père, — pour le chasser de sa maison et de son atelier. Si je me mêlais de cette affaire actuellement, il en ressortirait toute une jolie histoire de haine et de persécution, telle que les méthodistes pourraient le désirer pour l’imprimer dans le prochain numéro de leur Revue. Je n’aurais pas beaucoup de peine à persuader Chad Cranage et une demi-douzaine d’autres têtes dures qu’ils rendraient un bon service à l’Église en chassant Will Masquery du village à coups de corde et de fourche ; puis, quand j’aurais donné à chacun un demi-souverain pour s’enivrer glorieusement après leurs exploits, j’aurais complété une aussi jolie comédie qu’aucun de mes confrères l’aient pu faire dans leurs paroisses pendant ces trente dernières années.

— C’est pourtant très-insolent à cet homme de vous appeler berger paresseux et chien muet, dit madame Irwine. Je ne craindrais pas que vous lui fissiez une petite réprimande à ce sujet. Vous êtes d’un caractère trop facile, Dauphin.

— Voyons, ma mère, croyez-vous que ce fût une bonne manière de soutenir ma dignité que de chercher à me venger des calomnies de Will Masquery ? Et puis, je ne suis pas bien sûr que ce soient des calomnies. Je suis un paresseux et je deviens terriblement lourd sur ma selle ; sans compter que je dépense toujours plus que je ne puis en briques et en mortier, ce qui me rend dur pour le pauvre mendiant estropié qui vient me demander quelques sous. Ces pauvres ouvriers fatigués, qui croient pouvoir régénérer l’espèce