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adam bede.

Est-ce que tu ne veux rien manger de plus que ce morceau de gâteau d’avoine ? Et tu es aussi pâle que du blanc de lard frais. Qu’as-tu donc ?

— Rien qui vaille la peine de le dire, mère. Je n’ai pas faim. Je vais retourner vers Adam, et voir s’il veut me laisser travailler au cercueil.

— Il te faut boire une goutte de bouillon chaud, dit Lisbeth, dont le sentiment maternel prenait maintenant le dessus sur sa nature grondeuse ; je vais allumer quelques copeaux dans un instant.

— Non, mère, je vous remercie, vous êtes bien bonne, dit Seth reconnaissant ; et, encouragé par cette marque de tendresse, il continua : Laissez-moi prier un peu avec vous pour le père, pour Adam et nous tous ; cela vous remontera peut-être plus que vous ne pensez.

— Bien, je n’y vois point d’inconvénient. »

Lisbeth, quoique disposée à faire toujours opposition à ce que disait Seth, avait le sentiment vague qu’il éprouvait du soulagement et de la sérénité par le fait de sa piété, et qu’en quelque sorte ça lui évitait la peine de se livrer elle-même à quelques actes spirituels pour son propre compte.

Aussi la mère et le fils s’agenouillèrent ensemble, et Seth pria pour le pauvre père éloigné et pour ceux qui l’attendaient avec inquiétude à la maison. Et quand il en vint à demander qu’Adam ne fût jamais engagé à planter sa tente dans un autre pays, mais que sa mère pût être réjouie et soutenue par sa présence pendant tous les jours de son pèlerinage, les larmes toujours prêtes de Lisbeth coulèrent de nouveau.

Quand ils se relevèrent, Seth retourna vers Adam et lui dit : « Ne veux-tu pas te coucher une heure ou deux, et me laisser travailler à ta place ?

— Non, Seth. Envoie la mère se coucher et vas-y toi-même. »