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adam bede.

Dieu de vous aider et vous confier en sa bonté, vous ne vous inquiéteriez pas sur chaque chose.

— Ne pas m’inquiéter ! J’ai assez de quoi me tourmenter. Ça te va bien, à toi, de ne jamais le faire. Tu donnerais tout ce que tu gagnes, et tu ne te ferais aucun souci de ne rien avoir de côté pour les mauvais jours. Si Adam avait été aussi facilement satisfait que toi, il n’aurait jamais eu l’argent qu’il a donné pour toi. « Ne vous inquiétez pas du lendemain, ne vous inquiétez pas… » voilà ce que tu vas toujours disant : et qu’en arrive-t-il ? Seulement qu’Adam doit y penser pour toi.

— Ce sont des paroles de la Bible, mère, dit Seth. Elles ne signifient point que nous devions être paresseux. Elles veulent dire que nous ne devons pas nous inquiéter outre mesure et nous tourmenter de ce qui peut arriver demain, mais faire notre devoir et laisser le reste à la volonté de Dieu.

— C’est ça ! c’est ta manière ; tu tires toujours le fond de tes paroles de quelque point de la Bible. Je ne vois pas comment tu juges que ne pas penser au lendemain veuille dire tout cela. Et puisque la Bible est un si gros livre, que tu peux lire d’un bout à l’autre et y trouver les paroles que tu veux, je ne comprends pas pourquoi tu n’y prends pas des mots plus justes, qui ne veuillent pas toujours dire beaucoup plus qu’ils ne disent. Adam ne la lit pas ainsi, et je puis comprendre le texte qu’il cite souvent : « Dieu aide ceux qui s’aident. »

— Non, mère, dit Seth, ce n’est pas un texte de la Bible. Il sort d’un livre qu’Adam a trouvé à un étalage de Treddleston. Il a été écrit par un homme instruit, mais trop mondain, je crois. Toutefois ce dicton est en partie vrai, car la Bible dit que nous devons être ouvriers avec Dieu.

— Bien, comment le saurais-je ? Ça a l’air d’un texte. Mais qu’as-tu donc ? Tu as à peine touché à ton souper.