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adam bede.

C’était neuf heures passées à la pendule qui avançait toujours, et avant qu’elle eût marqué dix heures la porte s’ouvrit et Seth entra. Il avait entendu le bruit des outils en approchant.

« Comment se fait-il, mère, que le père travaille aussi tard ?

— Ce n’est pas ton père qui travaille, tu devrais bien assez le savoir, si ta tête n’était pas pleine d’idées d’église ; c’est ton frère qui fait tout l’ouvrage, car il n’y a jamais personne là pour l’aider. »

Lisbeth allait continuer, car elle ne craignait pas Seth et remplissait ordinairement, ses oreilles de toutes les doléances contenues par son respect pour Adam. Seth n’avait de sa vie dit un mot dur à sa mère, et les gens timides déversent toujours leur mauvaise humeur sur les personnes douces. Mais Seth, avec un regard inquiet, passa dans l’atelier…

« Qu’est-ce que cela veut dire, Addy ? Le père a-t-il oublié le cercueil ?

— Eh ! mon garçon, la vieille histoire ; mais je le terminerai, dit Adam en levant les yeux et jetant à son frère un de ses regards vifs et brillants. Mais tu as du chagrin ! Qu’y a-t-il ? »

Seth avait les yeux rouges, et un profond abattement se peignait sur sa douce figure.

« Oui, Addy ; mais il faut le supporter, et l’on n’y peut rien. Tu n’as donc pas été à l’école ?

— L’école ? non ; cette vis-là peut attendre, dit Adam en relevant son marteau.

— Laisse-moi prendre ta place à présent et va te coucher, dit Seth.

— Non, mon garçon, j’aime mieux continuer, à présent que je suis en train. Tu m’aideras à le porter à Broxton quand il sera fini. Je te réveillerai au lever du soleil. Va