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qualité ans, alors que survivait encore le reflet du temps de Wesley et de ses disciples ; temps d’exaltation religieuse où ceux qui se dévouaient pour porter aux pauvres le divin message se nourrissaient des baies d’églantier et des fruits sauvages des haies de Cornwall.

Ce reflet est depuis longtemps évanoui, et le tableau que nous offre maintenant le méthodisme n’est plus celui d’hommes rudes et de femmes au cœur navré, réunis sur la pente d’une colline ou à l’ombre des forêts par une même foi. Une foi bien élémentaire encore, mais qui reportait leurs pensées aux temps primitifs, qui élevait leur imagination au-dessus des mesquines préoccupations de leur misérable existence et qui remplissait leurs âmes du sentiment d’une présence divine, compatissante, douce comme la chaude haleine du printemps à l’infortuné sans asile. Il se peut aussi que, pour quelques-uns de mes lecteurs, le mot méthodisme ne puisse vouloir dire autre chose qu’une réunion vulgaire dans quelque ruelle où d’hypocrites charlatans prêchent à un auditoire de bas étage, éléments constituant le méthodisme aux yeux de bien des gens du grand monde.

Ce serait à tort ; car je ne puis dire que Seth et Dinah fussent autre chose que des méthodistes, — pas, à la vérité, de ce type moderne qui lit les revues trimestrielles et assiste au service divin dans d’élégantes chapelles ; mais de ceux qui l’étaient à la vieille mode. Ils croyaient aux miracles actuels, aux conversions instantanées, aux révélations par songes et visions, et cherchaient les directions divines en ouvrant la Bible au hasard.

Ils avaient une manière littérale d’interpréter les Écritures, manière fort peu sanctionnée par les commentateurs en renom, et je ne saurais dire que leur langage fût correct ni leur éducation libérale. Toutefois, — si j’ai bien compris l’histoire religieuse, — la foi, l’espérance et la charité, ne