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adam bede.

une femme que je ressens pour vous, car je serais heureux sans que vous m’épousiez, si je pouvais aller vivre à Snowfield, près de vous. J’espérais que cet entraînement si puissant que Dieu m’a mis au cœur était une direction pour tous deux ; mais il paraît que ce n’est qu’une épreuve pour moi. Peut-être je vous aime plus qu’on ne doit aimer la créature, car souvent je ne puis m’empêcher de dire de vous ce que dit l’hymne :

Si dans l’ombre profonde elle brille à mes yeux,
Pour moi l’aurore est commencée.
Mon âme sait trouver, à son éclat radieux,
L’étoile du matin précédant la journée.

« Sans doute j’ai tort, et il faut que je sois mieux conseillé. Mais seriez-vous mécontente, fâchée contre moi, si les choses s’arrangeaient de manière à ce que je quitte ce pays pour aller vivre à Snowfîeld ?

— Non, Seth, mais je vous engage à attendre patiemment et à ne pas quitter à la légère votre pays et vos proches. Ne faites rien sans une direction précise du Seigneur. C’est une contrée froide et stérile, qui ne ressemble en rien à ce pays de Goshen auquel vous avez été habitué. Nous ne devons point nous presser de décider et choisir à la hâte notre propre lot ; nous devons attendre qu’il nous soit clairement assigné.

— Mais me permettriez-vous de vous écrire une lettre, Dinah, s’il y avait quelque chose que je désirasse vous dire ?

— Oui, certainement ; faites-moi savoir s’il vous arrive quelque circonstance pénible. Vous aurez toujours place dans mes prières. »

Ils avaient atteint les portes de la cour, et Seth dit : « Je ne veux pas entrer, Dinah ; ainsi, Dieu vous garde ! » Il s’arrêta et eut un moment d’hésitation après qu’elle lui eût donné la main, puis il ajouta : « On ne peut savoir si vous