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adam bede.

Au monde tout entier son eau pure s’étend
Sans jamais se tarir, et sa source abondante
Offre à tous, à chacun un breuvage excellent
Pour apaiser la soif de lame repentante. »

Dinah avait parlé pendant au moins une heure, et la lumière empourprée du jour qui fuyait semblait donner une énergie solennelle à ses dernières paroles. L’étranger, qui avait écouté avec intérêt son sermon, comme si c’eût été le développement d’un drame, car il y a une espèce de fascination dans toute éloquence sincère et improvisée qui fait comprendre les émotions intimes de l’orateur, l’étranger détourna son cheval et poursuivit sa route, pendant que Dinah invitait l’auditoire à chanter. Et comme il descendait encore la colline, les voix des méthodistes atteignaient son oreille, s’élevant et s’abaissant dans ce mélange étrange d’exaltation et de tristesse, qui est le rhythme propre d’un hymne.


CHAPITRE III

après le sermon

Moins d’une heure après, Seth Bede marchait à côté de Dinah, le long du sentier bordé de haies qui côtoyait les prairies et les blés verts s’étalant entre le village et la Grand’Ferme. Dinah avait de nouveau ôté son petit chapeau de quakeresse qu’elle tenait à la main, afin de jouir plus librement de la fraîcheur du crépuscule, et Seth pouvait facilement voir l’expression de ses traits, tandis qu’il marchait près d’elle, retournant timidement dans son esprit quelque chose qu’il désirait lui dire. C’était une expression de gravité calme, de concentration dans des pensées qui n’avaient aucun rapport avec le moment présent ou sa