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autant qu’un miracle, s’éloigna à la hâte et se remit à son enclume comme pour se rassurer. « Faut que les gens aient des fers, prêche ou non prêche : le diable ne m’empoignera pas pour ça ! » se disait-il en lui-même.

Mais alors Dinah commença à parler des joies réservées au repentir et à décrire avec simplicité la paix et l’amour divin qui remplissent le cœur du croyant ; elle dit comment le sentiment de l’amour de Dieu change la pauvreté en richesse et satisfait l’âme tellement qu’aucun désir pénible ne la tourmente, aucune crainte ne l’alarme ; comment enfin la tentation même du péché est éteinte, et comment le ciel se fait sentir sur la terre, parce qu’aucun nuage ne passe entre l’âme et Dieu, qui est la lumière éternelle.

« Chers amis, dit-elle enfin, frères et sœurs, que j’aime comme ceux pour lesquels notre Seigneur est mort, croyez que je connais ce qu’est cette grande bénédiction ; et c’est parce que je la connais, que je désire que vous la possédiez aussi. Je suis pauvre comme vous ; je dois vivre du travail de mes mains ; mais aucun lord ou lady, ne peut être aussi heureux que moi, s’il n’a point l’amour de Dieu en son âme. Réfléchissez à ceci ; ne rien haïr que le péché ; être plein d’amour pour toute créature ; n’avoir aucune crainte ; être assuré que toutes choses se changeront en bien ; accepter la douleur, parce que c’est la volonté de notre Père ; savoir que rien, non, rien, pas même si la terre venait à brûler ou que les eaux pussent nous engloutir, — rien ne pourrait nous séparer de Dieu qui nous aime et qui remplit nos âmes de paix et de joie, parce que nous sommes assurés que tout ce qu’il veut est saint, juste et bon.

« Chers amis, venez recevoir celle bénédiction ; elle vous est offerte ; c’est là la bonne nouvelle que Jésus vient prêcher aux pauvres gens. Ce n’est point comme les richesses de ce monde, dont il y a plus pour les uns et moins pour les autres. Dieu est infini ; son amour est éternel :