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adam bede.

quand ils prêtent l’oreille aux méthodistes, comme si la guerre était au dedans d’eux. Je compte bien beugler aussi fort que votre vache l’autre soir, et alors la prêcheuse pensera que je suis dans la bonne voie.

— Je vous engagerai à ne point faire de bêtises, Chad, dit M. Casson d’un air assez digne ; Poyser apprendrait avec peine qu’on eût en quelque manière manqué de respect à la nièce de sa femme, quoiqu’il puisse ne pas voir avec plaisir qu’elle se mette à prêcher.

— Puis, elle est agréable à voir, aussi, dit Ben le Vif. Et moi, je suis pour les jolies femmes qui prêchent ; je suis sûr qu’elles me persuaderaient bien plus vite que ces vieux prédicateurs. Je ne serais pas étonné de me trouver méthodiste avant la nuit, et de commencer à faire la cour à la sermonneuse, comme Seth Bede.

— Je crois bien que Seth vise beaucoup trop haut, dit M. Casson. Les parents de cette femme n’aimeraient pas la voir s’abaisser à un ouvrier charpentier.

— Tiens, tiens, tiens ! dit Ben en allongeant l’intonation. Qu’est ce que les parents des gens ont à voir à ça ? Pas un iota. La femme de Poyser peut bien lever le nez et oublier les temps passés ; mais cette Dinah Morris, dit-on, est aussi pauvre qu’elle l’a jamais été ; elle travaille à une filature et a beaucoup à faire à s’entretenir. Un jeune et solide charpentier, qui est déjà un méthodiste tout fait, comme Seth, ne serait pas un si mauvais parti pour elle. Encore que les Poyser estiment Adam Bede autant que si c’était leur propre neveu.

— Ça ne dit rien ! dit M. Joshua Rann ; Adam et Seth sont deux hommes ; vous ne voulez pas qu’ils se coiffent tous deux de la même fille.

— Peut-être, dit Ben le Vif dédaigneusement ; mais je suis pour Seth, moi, quand il serait encore deux fois plus méthodiste. Seth a eu le beau rôle avec moi, car je l’ai