Page:George Eliot Adam Bede Tome 1 1861.djvu/33

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
17
adam bede.

La Pelouse s’étendait à l’extrémité du village et de là la route se partageait en deux branches : l’une conduisait plus haut sur la colline, en passant près de l’église, et l’autre serpentait agréablement en descendant vers la vallée. Du côté de la Pelouse, dans la direction de l’église, une ligne presque continue de chaumières s’étendait jusqu’à l’entrée du cimetière ; mais de l’autre côté, au nord-ouest, rien ne masquait la vue des champs ondulés, de la vallée boiseuse et des sombres masses des montagnes lointaines. Ce riche district du Loamshire, où se trouve Hayslope, touche à la triste frontière du Stoanyshire, dont les arides montagnes le surplombent, comme on voit un frère, grand, osseux et basané, dominer la jeune et fraîche sœur qui s’appuie à son bras. Une course à cheval de deux ou trois heures peut transporter le voyageur d’une région froide et sans verdure, entrecoupée de longs bancs de pierres grises, à des bois touffus ou à de riants coteaux ornés de festons de verdure, de gras pâturages ou de riches moissons. À chaque détour il découvre quelque belle et ancienne résidence blottie dans la vallée ou couronnant la colline ; quelque heureuse demeure avec sa longue suite de dépendances et de meules dorées ; quelque clocher grisâtre s’élançant d’un agréable mélange d’arbres, de chaume et de tuiles d’un rouge foncé. C’était justement ce dernier tableau que l’église d’Hayslope offrait à notre voyageur, tandis qu’il gravissait le sentier conduisant aux plateaux supérieurs ; de sa station, près de la Pelouse, il avait devant les yeux, réunis en une seule vue, tous les autres traits caractéristiques de ce charmant paysage. Plus loin, à l’horizon, se dressaient de grandes masses de montagnes coniques, placées comme des bornes gigantesques pour protéger ce pays de blés et de pâturages contre les vents du nord, âpres et destructeurs, pas assez éloignées, cependant, pour être voilées par la brume empourprée, mais laissant voir leurs flancs verdâtres mar-