Page:George Eliot Adam Bede Tome 1 1861.djvu/32

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
16
adam bede.

— Oui, monsieur ; c’est Donnithorne le Château, c’est bien ça. Il y a là de fameux chênes, monsieur, n’est-ce pas ? Je dois les connaître, car je suis resté là sommelier pendant quinze ans. C’est le capitaine Donnithorne qui doit en hériter, monsieur, le petit-fils du chevalier Donnithorne. Il sera majeur aux prochaines fenaisons, monsieur, et nous verrons du beau. Il possède tout le pays que vous voyez de ce côté, monsieur, le chevalier Donnithorne ; oui, monsieur.

— Bien, c’est un joli séjour, quel qu’en soit le propriétaire, dit le voyageur en remontant à cheval, et l’on y trouve aussi de beaux hommes, bien découplés. J’ai rencontré le plus superbe garçon que j’aie vu de ma vie, il y a environ une demi-heure, avant de monter la colline ; un charpentier, un gaillard aux larges épaules, avec les yeux et les cheveux noirs, et marchant en vrai soldat. Nous avons besoin de gens de cette trempe pour frotter les Français.

— Alors, monsieur, ce doit être Adam Bede, j’en réponds, le fils de Thias Bede ; tout le monde ici le connaît. C’est un individu très-instruit et d’une force prodigieuse. Le Seigneur nous protège, monsieur, — pardon, si je vous parle ainsi, — il peut marcher quarante milles dans un jour et lever un marteau de cinq cents livres ; c’est le favori de nos messieurs, monsieur. Le capitaine Donnithorne et le pasteur Irwine en font grand cas. Mais il est un peu vif et tranchant.

— Bien. Bonsoir, monsieur, il me faut partir.

— Votre serviteur, monsieur, bonne route ! »

Le voyageur mit son cheval au trot pour remonter le village ; mais, en approchant de la Pelouse, la beauté de la vue qui s’étendait à sa droite, le singulier contraste qu’offrait le groupe des villageois avec celui des méthodistes, près de l’érable, et peut-être encore plus la curiosité de voir prêcher une jeune femme, l’emportèrent sur son désir d’arriver au but de son voyage, et il s’arrêta.