Page:George Eliot Adam Bede Tome 1 1861.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
14
adam bede.

— Eh bien ! qu’est-ce qui se passe dans votre joli village, aubergiste ? continua-t-il en descendant de cheval. Il y a bien du mouvement.

— C’est une prédication méthodiste, monsieur ; on a publié qu’une jeune femme prêcherait sur la Pelouse, répondit M. Casson d’une voix de fausset sifflante et avec un accent légèrement affecté. Vous serait-il agréable d’entrer, monsieur, et de prendre quelque chose ?

— Non, il faut que j’aille directement à Drosseter. Je veux seulement faire boire mon cheval. Et que dit votre pasteur de voir une jeune femme venir prêcher presque à son nez ?

— Le pasteur Irwine, monsieur, ne demeure pas ici ; il habite Broxton, sur la colline que vous voyez là-bas. La cure d’ici tombe en ruines, monsieur, et ne pourrait loger des gens comme il faut. Il vient prêcher ici le dimanche après-midi, monsieur, et met toujours son cheval chez moi. C’est une jument grise, monsieur, dont il fait grand cas. Il a toujours mis son cheval ici, monsieur, même avant que je tinsse les Armes des Donnithorne. Je ne suis pas d’ici, moi ; vous pouvez vous en apercevoir à mon langage, monsieur. Ils ont une drôle de manière de parler dans ce pays, monsieur ; les messieurs ont de la peine à les comprendre. J’ai été élevé au milieu des messieurs, monsieur, et j’ai pris leur langage quand j’étais enfant. Ainsi, comment croyez-vous que les gens d’ici disent pour : « N’avez-vous pas ? »

— Les gens comme il faut, vous savez, disent havn’t you ?

— Eh bien, ceux de par ici, savez-vous, disent hanna yey ? C’est ce que ces gens appellent le dialéque, monsieur. C’est ce que j’ai entendu le chevalier Donnithorne dire plusieurs fois ; c’est leur dialéque qu’il dit.

— Bien, dit l’étranger en souriant, je le connais très-bien. Mais vous ne devez pas avoir beaucoup de méthodistes par ici, dans ce canton agricole. J’aurais à peine cru