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adam bede.

Ledit panier était celui qui, les jours de travail, contenait le dîner d’Adam et de Seth, et aucun employé officiel d’une procession n’aurait plus résolument dédaigné toute connaissance sur son passage, que Gyp portant ce panier en trottant sur les talons de son maître.

En quittant l’atelier, Adam ferma la porte, dont il retira la clef pour la poser à la maison de l’autre côté du chantier. C’était une maison basse, au toit de chaume gris et à murs jaunâtres, colorée par la lumière du soir d’un ton chaud et agréable. Les fenêtres plombées étaient brillantes et sans taches, et la dalle de pierre à l’entrée était aussi propre qu’un galet blanc à marée basse. Debout sur cette pierre se tenait une vieille femme, en robe de toile à raies de couleur sombre, avec un fichu rouge et un bonnet blanc ; elle parlait à quelques poules tachetées, que paraissait avoir attirées vers elle l’espérance illusoire d’une distribution de pommes de terre froides ou d’un peu d’orge. Sa vue était voilée, car elle ne reconnut Adam que lorsqu’il lui dit : « Voici la clef, Dolly ; rentrez-la pour moi, s’il vous plaît.

— Certainement ; mais ne voulez-vous pas entrer vous-même, Adam ? Mademoiselle Mary est à la maison et maître Burge sera bientôt de retour : je réponds qu’il sera bien aise de vous retenir à souper.

— Non, Dolly, je vous remercie ; je vais à la maison. Bonsoir. »

Adam s’éloigna à grandes enjambées, avec Gyp à ses trousses ; il sortit du chantier et suivit la grande route qui descendait du village à la vallée. Comme il arrivait au pied de la rampe, un cavalier d’un certain âge, avec un portemanteau derrière lui, arrêta son cheval lorsque Adam fut passé, et se retourna pour suivre plus longtemps des yeux cet ouvrier de belle et robuste taille, en bonnet de papier, en culotte de peau et bas bleu foncé.