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sermons de morale, et c’était tout. Mais aussi se conduisait-il d’une manière très-conforme à ce qu’il disait ; il ne se posait pas comme un homme différent des autres un jour, et leur ressemblant le lendemain comme deux pois. Il se faisait aimer et respecter, ce qui valait mieux que de remuer la bile des gens en étant trop incisif. Madame Poyser avait coutume de dire, vous savez qu’elle avait son mot sur chaque chose ; elle disait donc « que M. Irwine était comme « un bon plat de nourriture dont vous vous trouviez bien « sans y penser, et M. Ryde comme une dose de médecine « qui vous grippait, vous tourmentait et vous laissait après « sans vous avoir beaucoup changé. »

— Mais M. Ryde ne prêchait-il pas beaucoup plus sur cette partie spirituelle de la religion dont vous parlez, Adam ? Ne pouviez-vous pas tirer de ses sermons plus que de ceux de M. Irwine ?

— Hé, je ne sais pas. Il prêchait beaucoup sur les dogmes. Mais, comme je vous l’ai déjà dit, j’ai assez clairement vu depuis que je n’étais plus un enfant, que la religion est quelque chose de plus que des dogmes et des opinions. 11 me semble que les dogmes sont comme des noms qu’on trouve pour ses sentiments, de manière à en pouvoir parler quand même on ne les a jamais connus, de même qu’un homme peut parler des outils dont il sait les noms, quand même il ne lésa jamais vus et encore moins maniés. J’ai beaucoup entendu parler dogme dans mon temps, car j’accompagnais souvent Seth pour écouter les prédicateurs dissidents lorsque j’avais seize ans, et j’étais très-perplexe au sujet des arminiens et des calvinistes. Les Wesleyens, vous savez, sont pour les arminiens ; et Seth, qui n’a jamais pu supporter rien d’austère et qui a toujours voulu espérer le progrès moral, se prononça d’emblée pour les Wesleyens ; mais pour moi je croyais pouvoir découvrir quelques points faibles dans leurs opinions, et je me mis à