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adam bede.

de bien et il est tout aussi près de Dieu que s’il courait après quelque prédicateur pour prier et gémir.

— Bien touché, Adam ! dit Jim le Roux, qui avait arrêté le mouvement de son rabot pendant qu’Adam parlait ; voilà le meilleur sermon que j’aie entendu depuis longtemps. À propos de ça, il y a bien douze mois que ma femme me tourmente pour que je lui fasse un four.

— Il y a quelque raison dans ce que tu viens de dire, Adam, observa Seth gravement. Mais tu sais très-bien toi-même que c’est en entendant ces prédicateurs auxquels tu trouves tant à redire, que bien des paresseux sont devenus de bons travailleurs. C’est le prédicateur qui fait abandonner le cabaret, et si un homme prend des sentiments religieux, il n’en fait pas plus mal, pour cela, son ouvrage.

— Seulement il oubliera quelquefois les panneaux des portes ! dit Ben le Vif.

— Ah ! Ben, vous avez trouvé une plaisanterie contre moi pour le reste de votre vie. Mais ici ce n’est pas la religion qui a tort ; c’est bien Seth Bede, qui a toujours été un étourneau, et la religion ne l’a pas encore guéri, malheureusement.

— Ne vous inquiétez pas de moi, dit Ben le Vif ; vous êtes un vrai bon garçon, panneaux ou non, et vous ne hérissez pas vos poils à la moindre plaisanterie, comme quelqu’un de vos proches qui est peut-être plus habile.

— Seth, mon garçon, dit Adam sans relever le sarcasme qu’on lui lançait, il ne faut pas m’en vouloir. Je ne t’avais point en vue dans ce que je viens de dire. Les uns ont une manière de voir, les autres une différente.

— Je sais bien, Addy, que tu n’as point de mauvaise intention à mon égard. Tu es comme ton chien Gyp, qui aboie quelquefois contre moi, mais qui me lèche toujours la main après. »

Tous les bras se remirent au travail, et le silence dura