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adam bede.

forte pension quand je serai majeur, et lorsque j’aurai payé quelques petites dettes, je pourrai m’occuper de ce qui m’entoure.

— Vous êtes bien bon de parler ainsi, monsieur, et je ne suis point ingrat. Mais, continua Adam d’un ton décidé, je n’aimerais pas à faire quelque offre à M. Burge, ou qu’on lui en fît pour moi. Je ne vois pas un acheminement bien clair à une association. S’il désirait jamais se défaire de l’établissement, ce serait tout autre chose. Je serais content de trouver alors de l’argent à un intérêt convenable, car j’aurais la certitude de pouvoir le rembourser avec le temps.

— Très-bien, Adam, dit Arthur, se souvenant de ce que M. Irwine lui avait dit d’un commencement de liaison amoureuse entre Adam et Mary Burge, nous n’en parlerons plus pour le moment. Quand est-ce que Ton ensevelit voire père ?

— Dimanche, monsieur ; M. Irwine viendra pour cela de meilleure heure. Je serai bien aise quand ce sera terminé, parce que j’espère que ma mère en sera plus tranquille. Cela fait tristement souffrir de voir l’affliction des gens âgés ; ils ont peu le moyen d’en sortir ; le nouveau printemps ne ramène aucun bourgeon à l’arbre flétri.

— Vous n’avez certes pas manqué de chagrins et d’ennuis dans votre vie, Adam. Je ne crois pas que vous ayez jamais eu le cerveau et le cœur légers comme d’autres jeunes gens. Vous avez toujours eu quelque inquiétude dans l’esprit.

— Oui, monsieur ; mais cela ne vaut pas la peine qu’on s’en occupe. Puisque nous sommes des hommes et que nous en avons les joies, je pense que nous devons aussi en avoir les soucis. Nous ne pouvons être comme les oiseaux, qui abandonnent leur nid dès qu’ils ont leurs ailes, ne reconnaissent plus leurs parents, quand ils les voient, et trouvent un nou-