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adam bede.

réussiriez pas mieux que moi. Seulement, venez l’entendre, et vous n’en parlerez plus si légèrement.

— Eh bien, j’ai presqu’envie d’aller la voir un moment ce soir, s’il n’y a pas bonne société au Buisson de houx. Quel texte prendra-t-elle ? Vous pourriez peut-être me le dire, Seth, si j’arrive trop tard pour l’entendre. Sera-ce : « Que venez-vous voir ? Une prophétesse ? Oui, je vous le dis en vérité, et plus qu’une prophétesse, une très-jolie femme. »

— Allons, Ben, dit Adam assez sévèrement, laissez tranquilles les paroles de la Bible ; vous allez trop loin à présent.

— Tiens ! est-ce que vous allez vous convertir, Adam ? Il y a un moment que je vous croyais sourd à la prédication des femmes.

— Non, je n’ai changé en rien. Je n’ai rien dit contre les femmes qui prêchent ; je vous ai dit : laissez la Bible tranquille ; vous avez un livre de bons mots, il me semble, dont vous n’êtes pas mal fier : que vos mains sales s’en contentent.

— Tiens ! vous devenez un aussi grand saint que Seth. Je pense que vous irez au prêche ce soir. Vous dirigerez joliment bien le chant. Mais je ne sais trop ce que dira le pasteur Irwine en voyant son grand favori, Adam Bede, tourner au méthodisme.

— Ne vous inquiétez pas de moi, Ben. Je ne deviendrai pas plus méthodiste que vous, et il est assez probable que vous deviendrez quelque chose de pire. Monsieur Irwine a trop de bon sens pour vouloir empêcher les gens de se conduire comme ils l’entendent quant aux formes de la religion. C’est entre eux et Dieu, comme il me l’a dit souvent.

— Je veux bien ; mais, pour tout ça, il n’en aime pas davantage les dissidents.

— Peut-être ; je n’aime pas beaucoup non plus la bière forte de Josh Tod, mais je ne vous empêche pas pour ça de vous enivrer avec. »