« Laisse-le, Addy, laisse-le. Ben voulait plaisanter. Il a bien le droit de se moquer de moi. Je ne puis m’empêcher d’en rire moi-même.
— Je ne le lâcherai pas qu’il ne promette de laisser cette porte, dit Adam.
— Allons, Ben, mon garçon, dit Seth d’un ton persuasif, il ne faut pas se quereller pour ça. Vous savez bien qu’Adam a sa tête. Vous retourneriez tout aussi facilement un char de foin dans une ruelle. Dites que vous laisserez la porte, et que cela finisse.
— Adam ne me fait pas peur, dit Ben ; mais, puisque vous le demandez, Ben, je consens à dire que je la laisserai.
— Allons, vous faites bien, Ben, » dit Adam qui le relâcha en riant.
Ils reprirent tous leur travail ; mais Ben le Vif, qui avait eu le dessous dans ce conflit physique, était fort désireux de racheter son humiliation par quelque quolibet qui réussît mieux.
« À quoi pensiez-vous, Seth ? commença-t-il ; à la jolie prêcheuse ou à son sermon, quand vous avez oublié les panneaux ?
— Venez l’entendre, Ben, lui dit Seth amicalement ; elle prêchera ce soir sur la pelouse : peut-être cela vous donnera-t-il quelques pensées qui vaudront mieux que ces mauvaises chansons que vous aimez tant. Il se peut que vous y preniez de la religion, et ce sera le meilleur gain que vous ayez jamais fait.
— Chaque chose a son temps, Seth ; j’y penserai quand je voudrai m’établir ; les célibataires n’ont pas besoin de si gros gains. Il se peut que je fasse un jour ma cour et ma religion en même temps, ainsi que vous, Seth ; mais vous ne voudriez pas me voir convertir pour me planter entre vous et la jolie prêcheuse, et vous l’enlever.
— Ce n’est pas à craindre, Ben ; je crois que vous ne