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adam bede.

tré il y a longtemps, dit madame Poyser en se levant avec un air de soulagement. Descendez-moi les allumettes, Hetty, car il me faudra la veilleuse cette nuit dans ma chambre. Allons, père ! »

Les lourds verrous de bois commencèrent à glisser aux portes de la maison, et le vieux Martin se prépara à bouger, pliant son mouchoir de poche bleu et prenant sa canne de noyer noueux et poli dans le coin de la cheminée. Madame Poyser sortit la première, suivie du grand-père ; puis de Dinah, portant Totty dans ses bras, allant tous se coucher à la lueur du crépuscule, comme les oiseaux. Madame Poyser, en cheminant, jeta un coup d’œil dans la chambre où dormaient ses deux fils, seulement pour voir leurs joues rondes et roses sur l’oreiller et écouter un instant leur respiration légère et régulière.

« Allons, Hetty, va te coucher, dit M. Poyser d’un ton caressant, comme il allait monter lui-même. Tu ne voulais pas rentrer si tard, j’en suis sûr ; mais ta tante a été épuisée aujourd’hui. Bonne nuit, ma fille, bonne nuit ! »


CHAPITRE XV

les deux chambres à coucher

Hetty et Dinah couchaient toutes les deux au second étage, dans des chambres contiguës, chétivement meublées, sans volets pour se garantir des rayons de la lune qui se levait en ce moment, lumière plus que suffisante pour permettre à Hetty de circuler et de se déshabiller très à l’aise ; pour qu’elle pût voir les chevilles auxquelles elle pendait son chapeau et sa robe, chaque épingle sur sa pelote de drap rouge, et même son image dans le vieux miroir ; il ne lui en fallait pas davantage pour brosser ses cheveux et mettre son bonnet de nuit.