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adam bede.

Hetty s’approcha de la berceuse et se tint debout avec son sourire habituel, mais sans essayer d’engager Totty à se laisser prendre, attendant simplement que sa tante lui mit l’enfant sur les bras.

« Veux-tu aller vers cousine Hetty, ma chérie, pendant que maman se prépare pour aller se coucher ? Et puis Totty ira dans le lit de maman et y dormira toute la nuit. »

Avant que sa mère eût fini de parler, Totty avait donné sa réponse d’une manière qui ne laissait aucun doute, en fronçant le sourcil, appuyant ses petites dents sur sa lèvre inférieure, et se penchant en avant pour frapper Hetty sur le bras de toute sa force. Puis, sans rien dire, elle se renfonça contre sa mère.

« Eh bien, dit M. Poyser, tandis qu’Hetty restait immobile, tu ne veux pas aller vers cousine Hetty ? Tu fais le tout petit enfant. Totty est une petite femme, ce n’est plus un petit enfant.

— Il ne sert à rien de vouloir la persuader, dit madame Poyser. Elle en veut toujours à Hetty quand elle n’est pas bien. Peut-être qu’elle ira vers Dinah. »

Dinah, après avoir ôté son chapeau et son châle, était restée jusque-là tranquillement en arrière, ne voulant point s’interposer entre Hetty et ce qui était regardé comme étant son ouvrage. Mais alors elle s’avança, et dit en tendant les bras : « Viens, Totty, viens, et Dinah te portera là-haut avec maman ; pauvre, pauvre mère ! elle est si fatiguée ; elle a besoin de se mettre au lit. »

Totty tourna son visage vers Dinah, la regarda un instant, se souleva, tendit ses petits bras, et se laissa enlever du giron de sa mère. Hetty se retourna sans aucun signe de mauvaise humeur, et, prenant sur la table son chapeau, elle attendit d’un air indifférent de savoir si on lui dirait de faire quelque autre chose.

« Vous pouvez mettre les verrous, Poyser. Alick est ren-