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femmes auprès d’elle ; et au premier moment j’ai cru qu’elle était presque fâchée de ce que j’y fusse allée.

— Eh ! c’est un mauvais signe quand les vieilles gens n’aiment pas les jeunes, dit le vieux Martin, baissant encore plus la tête et ayant l’air de suivre de l’œil le contour des carreaux.

— Oui, c’est mauvais de vivre dans un poulailler pour ceux qui n’aiment pas les mouches, dit madame Poyser. Nous avons tous eu notre tour d’être jeunes, heureux ou malheureux.

— Mais il faut qu’elle apprenne à s’habituer aux jeunes femmes, dit M. Poyser, car on ne doit pas compter qu’Adam et Seth restent garçons pendant encore dix ans pour faire plaisir à leur mère. Ce serait peu raisonnable. Il n’est juste ni aux jeunes ni aux vieux de faire un marché tout à leur propre avantage. Ce qui est bon pour le bien de l’un finit toujours par l’être pour tous. Je n’aime pas à voir des jeunes gens se marier avant de connaître la différence entre un sauvageon et un pommier ; mais il faut que leur temps vienne.

— Certainement, dit madame Poyser, si vous venez dîner longtemps après l’heure, vous n’avez pas grand plaisir à votre viande ; vous la tournez et retournez avec la fourchette et finissez par la laisser. Vous accusez la viande, et c’est votre estomac qui a tort. »

Hetty revint alors et dit : « Je puis tenir Totty a présent, tante, si vous voulez.

— Allons, Rachel, dit M. Poyser, comme sa femme paraissait hésiter, voyant qu’enfin Totty se tenait tranquille, tu ferais mieux de laisser Hetty la porter là-haut pendant que tu t’arrangerais ! Tu es fatiguée. Il est bien temps de te coucher. Tu feras revenir ta douleur au côté.

— Eh bien, elle peut la prendre si l’enfant veut aller vers elle, » dit madame Poyser.