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adam bede.

— Bien sûr, dit Seth très étonné ; qu’est-ce qui y manque ? »

Un bruyant éclat de rire des trois autres ouvriers fit retourner Seth d’un air ébahi. Adam, se contentant de sourire légèrement, dit à Seth, d’un ton de voix plus doux que précédemment : « C’est que tu as oublié les panneaux. »

Le rire recommença de plus belle, tandis que Seth se prenait la tête en rougissant jusques à la racine des cheveux.

« Hourra ! s’écria un petit gaillard très-agile, surnommé Ben le Vif, qui s’élança pour saisir la porte. Nous allons la poser devant l’atelier et écrire dessus : « Ouvrage de Seth Bede le Méthodiste. » Ici, Jim ; passe-moi le pot de rouge.

— Quelle bêtise ! dit Adam. Laissez ça, Ben Cranage. Il vous arrivera peut-être bien un jour de faire aussi quelque bévue. Vous rirez en dedans, alors.

— Tâchez seulement de m’y prendre, Adam. Il se passera du temps avant que ma tête se remplisse de méthodisme, dit Ben.

— Ça se peut ; mais elle est souvent pleine de boisson, ce qui est pire. »

Néanmoins Ben avait en main le pot de rouge et, sur le point de peindre son inscription, traçait en l’air, en guise de prélude, un S imaginaire.

« Voulez-vous finir ? cria Adam en posant ses outils et s’élançant vers Ben dont il saisit l’épaule droite. Finissez, ou je vous fait sauter l’âme du corps. »

Ben tressaillit sous l’étreinte de fer d’Adam ; mais, en petit homme courageux qu’il était, il ne voulut point céder. Avec la main gauche il saisit le pinceau de sa droite impuissante, et fit un mouvement comme pour mettre son dessein à exécution. Adam le fit pirouetter, lui saisit l’autre épaule, et, le poussant devant lui, l’aplatit contre le mur. Mais alors Seth prit la parole.