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adam bede.

pas te laisser. Totty sera une bonne petite chérie et va dormir à présent, » dit madame Poyser en se penchant en arrière, se balançant sur la chaise et tâchant que Totty se blottît contre elle. Mais Totty ne fit que crier de plus belle et dit : « Ne serre pas ! » Aussi la mère, avec cette étonnante patience que l’amour donne au tempérament le plus actif, se redressa, et, appuyant sa joue contre le bonnet de toile, le baisa et oublia de gronder Hetty davantage.

« Allons, Hettv, dit Martin Poyser d’un ton conciliant, allez chercher votre souper dans la dépense, puisqu’on a déjà tout enlevé, et après vous viendrez prendre la petite un moment pendant que votre tante se déshabillera, car elle ne voudra pas se coucher sans sa mère. Je pense que vous pourrez bien manger un morceau, Dinah, car ils ne doivent pas tenir grande maison là-bas.

— Non, merci, mon oncle, dit Dinah ; j’ai fait un bon repas avant de partir, car madame Bede a voulu faire pour moi un gâteau à l’eau.

— Je n’ai pas besoin de souper, dit Hetty en ôtant son chapeau. Je puis tenir Totty à présent, si tante le désire.

— Eh bien, qu’est-ce que cela signifie ? dit madame Poyser. Croyez-vous pouvoir vivre sans manger et vous nourrir en fourrant des rubans roses sur votre tête. Allez tout de suite prendre votre souper, mon enfant ; il y a un joli morceau de pudding froid dans le buffet, justement ce que vous aimez. »

Hetty se soumit silencieusement en se dirigeant vers la dépense, et madame Poyser continua à parler à Dinah.

« Asseyez-vous, ma chère, et ayez l’air de savoir prendre un peu vos aises dans ce monde. Je suis sûre que la vieille femme a été contente de vous voir, puisque vous êtes restée si longtemps.

— Elle paraissait au moins satisfaite de m’avoir là ; mais ses fils disent qu’ordinairement elle n’aime pas voir de jeunes