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adam bede.

« Peut-on rentrer aussi tard le soir, Hetty ! dit madame Poyser. Regardez à la pendule, regardez ; comment ! c’est bientôt neuf heures et demie ; il y a une demi-heure que j’ai envoyé les filles se coucher ; c’est assez tard, quand il faut se lever demain à quatre heures et demie pour remplir les bouteilles des faucheurs et pétrir. Voici cette enfant bénie qui a la fièvre, j’en suis sûre, qui est aussi éveillée que si c’était l’heure du dîner, et personne pour m’aider à lui donner la médecine dont votre oncle, un bel ouvrage que ça, a versé la moitié sur sa chemise de nuit. C’est bien heureux si elle en a avalé assez pour que ça ne lui fasse pas plus de mal que de bien. Mais les gens qui ne tiennent pas à être utiles ont toujours la chance d’être dehors quand y aurait quelque chose à faire.

— Je suis partie avant huit heures, tante, dit Hetty d’un ton d’humeur et en secouant légèrement la tête. Mais cette pendule est tellement en avance sur celle du Château, que je ne pouvais pas savoir quelle heure ce serait quand j’arriverais ici.

— C’est ça ; il vous faudrait une pendule, mise à l’heure du grand monde, n’est-ce pas ? veiller pour brûler la chandelle et rester au lit pour que le soleil vous rôtisse comme un concombre sur sa couche ? La pendule n’avance pas aujourd’hui pour la première fois, je pense. »

Le fait est qu’Hetty avait réellement oublié la différence des pendules quand elle avait dit au capitaine Donnithorne qu’elle partirait à huit heures, et cette circonstance, jointe à sa marche ralentie, l’avait retardée de près d’une demi-heure. Mais ici l’attention de sa tante fut détournée de ce sujet délicat par Totty, qui, découvrant enfin que l’arrivée de ses cousines n’apportait probablement rien qui pût lui être personnellement agréable, se mit à crier : « Mama, mama ! » avec grande explosion.

« Bien, bien, mon bijou, maman te tient, maman ne veut