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adam bede.

— Adam est assez sûr, dit M. Poyser, se méprenant sur le souhait de Dinah. Pas de crainte que son battage ne lui rende bien. Ce n’est pas un de ceux où il n’y a que de la paille et point de grain. Je répondrai de lui, quand on voudra, qu’il sera bon fils jusqu’au bout. A-t-il dit s’il viendrait bientôt nous voir ? Mais entrez, entrez, ajouta-t-il en leur faisant place. À quoi sert de vous tenir dehors plus longtemps ? »

Les bâtiments élevés autour de la cour masquaient une bonne partie du ciel, mais la grande fenêtre laissait percer assez de lumière pour voir chaque coin de la chambre de réunion.

Madame Poyser, assise dans la chaise à berçoirs qu’on avait apportée du parloir, cherchait à endormir Totty. Mais Totty ne s’y montrait pas disposée, et, quand ses cousines entrèrent, elle se releva, montra une paire de joues fortement colorées, qui paraissaient plus rebondies que jamais, dessinées par le bord de son bonnet de nuit. Dans le grand fauteuil à haut dossier, à l’angle gauche de la cheminée, était assis le vieux Martin Poyser, image vigoureuse, mais raccourcie et blanchie, de son robuste fils aux cheveux noirs, la tête un peu portée en avant et les coudes rejetés en arrière pour permettre à tout son avant-bras de s’appuyer sur le fauteuil. Son mouchoir de poche bleu était étendu sur ses genoux, selon son habitude dans la maison, quand il ne le posait pas sur sa tête. Il observait ce qui se passait devant lui avec ce regard en dehors, de la vieillesse en bonne santé, qui, dégagée de tout intérêt actif, découvre les épingles sur le plancher, suit les plus légers mouvements de quelqu’un avec une persévérance sans but, surveille les ondulations de la flamme ou les rayons du soleil sur le mur, compte les carreaux du sol, suit même l’aiguille de la pendule et se plaît à découvrir un rhythme dans son tic tac.