Page:George Eliot Adam Bede Tome 1 1861.djvu/196

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
180
adam bede.

sins plus charitablement en tout ce qui concernait leur personne. Mais pour un fermier, tel que Luke Britton, par exemple, dont les jachères n’étaient pas bien nettoyées, qui ne connaissait pas les premiers éléments concernant les haies ou les fossés, et qui ne montrait que bien peu de jugement dans l’achat du bois pour l’hiver, Martin Poyser était aussi dur et aussi implacable que le vend du nord-ouest. Luke Britton ne pouvait pas faire une remarque, même au sujet du temps, que Martin Poyser n’y découvrît une teinte de cette ignorance profonde et générale qui était évidente dans toutes ses opérations de fermage. Il ne pouvait souffrir le rencontrer au cabaret du Royal-Georges un jour de marché, et sa seule vue de l’autre côté de la route donnait à ses yeux une expression sévère, aussi différente que possible du regard paternel qui accueillit ses deux nièces à leur approche. M. Poyser avait fumé sa pipe du soir et tenait maintenant ses mains dans ses poches, seule ressource d’un homme qui reste debout après avoir terminé le travail de la journée.

« Bien, mes filles, vous rentrez un peu tard ce soir, dit-il quand elles arrivèrent à la petite porte donnant sur le trottoir. La mère commençait à s’inquiétera cause de vous, et la petite est malade. Et comment avez-vous laissé la vieille Bede, Dinah ? Est-elle bien abattue au sujet du vieillard ? Ça n’a été qu’une triste vie pour elle que ces cinq dernières années.

— Elle a été dans un grand désespoir de cette perte, dit Dinah ; mais elle paraissait plus calme aujourd’hui. Son fils, Adam, est resté tout le jour à la maison avec elle pour faire le cercueil de son père ; elle aime à l’avoir près d’elle. Elle m’a parlé de lui presque tout le jour. Elle a le cœur aimant, quoique avec une malheureuse disposition à l’agitation et à l’inquiétude. Je voudrais qu’elle eût un appui plus sûr pour la soutenir dans sa vieillesse.