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adam bede.

papier[1], et le vif regard de ses yeux foncés, brillant sous des sourcils accentués, proéminents et mobiles, indiquaient un mélange de sang celtique. Ses traits étaient grands, fortement dessinés, et n’avaient dans leur repos d’autre beauté qu’une expression de bonne humeur et d’honnêteté intelligente.

Au premier coup d’œil on reconnaît l’ouvrier voisin pour le frère d’Adam. Il est presque aussi grand ; il a le même type de visage, la même couleur de cheveux et le même teint ; mais cette grande ressemblance de famille ne fait que mieux ressortir la différence de tournure et d’expression. Les larges épaules de Seth sont légèrement voûtées ; ses yeux sont gris ; ses sourcils sont moins proéminents et mobiles ; son regard, moins vif, est doux et confiant. Il a quitté son bonnet de papier, et vous ne voyez point des cheveux fermes et épais comme ceux d’Adam, mais clairsemés et ondés, laissant discerner le contour exact de l’arcade frontale qui avance décidément plus que le sourcil.

Les mendiants paresseux étaient toujours sûrs d’obtenir quelque pièce de monnaie de Seth ; ils ne s’adressaient presque jamais à Adam.

Le concert formé par les outils et la voix de ce dernier fut enfin interrompu par Seth, qui, redressant la porte à laquelle il venait de travailler assidûment, la plaça contre le mur en disant :

« Là ! J’ai pourtant fini ma porte aujourd’hui ! »

Tous les ouvriers levèrent les yeux. Jim Salt, homme replet à cheveux rouges, connu sous le nom de Jim le Roux, cessa de raboter, tandis qu’Adam disait à Seth, avec un regard de vive surprise : « Comment ? Est-ce que tu penses avoir fini cette porte ?

  1. Bonnet porté généralement par les ouvriers de sa condition à cette époque.