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âme de papillon flottait incessamment entre le souvenir et l’attente. Enfin l’aiguille des minutes de la vieille pendule à cadran de bronze indiqua huit heures moins un quart, et il y avait toutes sortes de raisons pour se préparer à partir. Les préoccupations de madame Pomfret ne l’empêchèrent point de remarquer ce qui semblait un surcroît de beauté dans cette fillette, tandis qu’elle attachait son chapeau devant le miroir.

« Je crois que cette enfant devient de jour en jour plus jolie, fut son commentaire intérieur. Tant pis. Elle n’en trouvera pas plus vite pour cela une place ou un mari. Les hommes prudents et sages n’aiment pas à prendre de si jolies femmes. Quand j’étais fille, j’étais plus admirée que si j’eusse été très-jolie. Cependant elle a raison d’avoir pour moi de la reconnaissance de ce que je lui enseigne quelque chose dont elle puisse faire un gagne-pain, plutôt qu’avec un travail de ferme. On m’a toujours dit que j’avais bon cœur, et c’est la vérité, et c’est bien en moi, autrement il ne se trouverait pas dans cette maison des gens pour faire les maîtres avec moi, comme dans la chambre de la femme de charge. »

Hetty traversa à la hâte la petite portion du préau qui était sur son chemin, craignant de rencontrer M. Craig, auquel elle aurait à peine pu parler poliment. Connue elle se sentit soulagée quand elle se trouva sous les chênes et au milieu des palissades du parc ! Même là, prête à tressaillir comme les cerfs qui bondissaient et fuyaient à son approche, elle ne faisait aucune attention à la lumière du soir qui s’étendait mollement sur les allées d’herbe, entre les barrières, et rendait plus visible la beauté de leur verdure que les rayons plus puissants du soleil du midi. Elle ne pensait à rien de ce qui était autour d’elle, et voyait seulement ce qui pouvait être : M. Arthur Donnithorne venant à sa rencontre dans le bois des sapins. C’était le premier plan