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adam bede.

à présent. Je vous le montrerai une autre fois, si vous désirez le voir.

— Oui, monsieur, s’il vous plaît.

— Est-ce que vous retournez toujours par ce chemin le soir ? n’avez-vous pas peur de prendre une route si solitaire ?

— Oh ! non, monsieur, ce n’est jamais tard ; je pars toujours à huit heures, et il fait si clair maintenant le soir ! Ma tante serait bien fâchée contre moi si je ne rentrais pas avant neuf heures.

— Peut-être Craig, le jardinier, vient pour vous protéger ? »

Une vive rougeur couvrit le visage et le cou d’Hetty. « Bien sûr qu’il ne le fait pas ; bien sûr qu’il ne l’a jamais fait ; je ne le lui permettrais pas ; je ne l’aime pas, » dit-elle rapidement, et des larmes d’indignation étaient venues si vite, qu’avant qu’elle eût cessé de parler, une brillante goutte roulait le long de sa joue brûlante. Puis elle fut mortellement honteuse de pleurer, et pendant un moment son bonheur s’évanouit. Mais l’instant après elle sentit un bras autour d’elle et une douce voix dire :

« Eh bien, Hetty, qu’est-ce qui vous fait pleurer ? Je ne voulais pas vous chagriner ; je ne voudrais pas, pour tout au monde le faire, petit bijou. Allons, ne pleurez pas ; regardez-moi, ou je croirai que vous ne voulez pas me pardonner. »

Arthur avait posé sa main sur le bras potelé qui était le plus près de lui, et se penchait vers Hetty avec un air d’insinuante cajolerie. Hetty leva ses longs cils humides et rencontra des yeux fixés sur les siens avec un regard suppliant, doux et timide. Quel espace dans le temps occupèrent ces instants où leurs yeux se rencontrèrent et où son bras la toucha ! L’amour est une chose si simple quand nous n’avons que vingt et un printemps et qu’une douce fille de seize ans frémit sous notre regard comme un bouton de rose qui s’ouvre, étonné et ravi au soleil du matin. De