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adam bede.

« Vous ferez seller Meg pour moi et la ferez conduire devant la porte à onze heures et demie ; il faudra aussi seller Rattler pour Pym en même temps. Entendez-vous ?

— J’entends, j’entends, capitaine, » dit le vieux John d’un ton délibéré en suivant le jeune maître dans l’écurie. John considérait un jeune maître comme l’ennemi naturel d’un vieux domestique, et les jeunes gens, en général, comme de peu de secours pour faire cheminer le monde.

Arthur entra pour caresser Meg, évitant, autant que possible, de rien voir d’autre dans les écuries, dans la crainte de perdre sa bonne humeur avant déjeuner. La jolie bête tourna sa gracieuse tête vers son maître quand il s’approcha d’elle. Le petit Trot, une miniature d’épagneul, son compagnon inséparable à l’écurie, était confortablement couché en rond sur son dos.

« Bien, Meg, ma jolie, dit Arthur en lui caressant le cou ; nous ferons un glorieux tour de galop ce matin.

— Non, Votre Honneur ; je ne crois pas que ça se puisse, dit John.

— Comment cela ? Pourquoi pas ?

— Parce qu’elle est boiteuse.

— Boiteuse, le ciel vous confonde ! que voulez-vous dire ?

— Voilà ! le garçon l’a menée trop prés des chevaux de Dalton ; l’un d’eux a rué contre elle et lui a meurtri l’os de la jambe de devant. »

L’historien judicieux s’abstient de raconter précisément ce qui suivit. Vous comprenez bien qu’il y eut une certaine dose de langage expressif, mêlé de who-ho’s, pour calmer la bête pendant qu’on examinait la jambe ; que John restait là debout avec autant d’émotion que s’il eût été une canne adroitement taillée dans le pommier sauvage, et qu’Arthur Bonnithorne bientôt après repassa les portes sans chanter comme lorsqu’il était venu.

Il se trouvait complètement désappointé et ennuyé. Il