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adam bede.

Mais nous n’avons point lieu d’augurer défavorablement d’Arthur Donnithorn, qui, ce matin, se montre capable d’une résolution prudente ayant la conscience pour base. Une chose est claire ; la nature a pris soin qu’il n’aille jamais trop loin dans une mauvaise voie avec une complète satisfaction. Il ne dépassera point certaine limite du péché, où il sera attiré par les assauts de l’ennemi. Ce ne sera jamais un courtisan du vice, et il n’en portera point les insignes sur la poitrine.

C’était à peu près neuf heures, et le soleil brillait avec éclat ; tout paraissait plus séduisant après la pluie de la veille. Que c’est une chose agréable, dans une semblable matinée, de se rendre, par une allée de gravier bien ratissé, vers les écuries, avec le projet d’une excursion ! Mais l’odeur des écuries, qui, dans l’ordre naturel des choses, devrait se trouver au nombre des influences calmantes de la vie d’un homme, donnait toujours à Arthur un peu d’irritabilité. Il n’y avait pas moyen d’agir à sa fantaisie dans ce département ; tout y était dirigé de la manière la plus mesquine. Son grand-père s’entêtait à conserver pour maître palefrenier un vieux balourd qu’aucune force n’aurait pu faire sortir de ses vieilles habitudes, et qui était autorisé à engager une série de grossiers garçons du Loamshire pour subordonnés. L’un d’eux avait dernièrement essayé une paire de ciseaux en tondant une place oblongue sur la jument baie d’Arthur. Cet état de choses est naturellement plein d’amertume ; on peut se faire aux ennuis de la maison, mais trouver dans l’écurie une suite de vexations et de dégoûts est plus que ne peuvent supporter longtemps la chair et le sang, sans danger de misanthropie.

Le visage de bois à rides profondes du vieux John fut la première chose que rencontrèrent les yeux d’Arthur en entrant dans cette cour. Il ne pouvait jamais parler sans impatience à cette vieille tête dure.