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adam bede.

« Je ne vous dis pas adieu. Je vous verrai encore quand vous reviendrez du travail. Pourvu que j’arrive à la ferme avant la nuit, ce sera assez tôt.

— Merci, Dinah ; j’aimerais avons accompagner jusque-là encore une fois. Ce sera peut-être la dernière. »

Il y avait un peu de tremblement dans la voix de Seth. Dinah lui tendit la main et dit : « Vous aurez l’esprit dans une douce paix aujourd’hui, Seth, à cause de votre patiente tendresse pour votre vieille mère. » Elle se retourna et quitta l’atelier aussi promptement et sans bruit qu’elle y était entrée. Adam l’avait observée attentivement pendant tout ce temps, mais elle ne l’avait pas regardé. Dès qu’elle fut sortie il dit :

« Je ne suis point étonné que tu l’aimes, Seth. Elle a le visage d’un lis. »

L’âme de Seth se peignit dans ses yeux et agita ses lèvres ; il n’avait jamais encore confessé son secret à Adam, mais maintenant il éprouvait un délicieux soulagement et répondit :

« Ah ! Addy, je l’aime trop, je le crains, car elle ne m’aime seulement que comme un enfant de Dieu en sait aimer un autre. Elle n’aimera jamais un homme comme mari, je le crois.

— Non, mon garçon, on ne peut le savoir ; il ne faut pas perdre courage. La matière dont elle est composée est d’un grain plus fin que chez la plupart des autres femmes, je puis le voir facilement. Mais si elle leur est supérieure à tant d’égards, elle peut ne pas l’être pour celui-là. »

Ils ne dirent rien de plus. Seth se rendit au village et Adam commença le travail du cercueil.

« Que Dieu l’aide et m’aide aussi, pensait-il en soulevant la planche. La vie sera probablement pour nous une rude besogne, au dedans et au dehors. C’est une singulière chose de penser qu’un homme qui peut soulever une chaise