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adam bede.

Adam rencontra le regard de Seth, qui se portait de Dinah vers lui très-attentivement.

« Non, mère, dit-il, je n’y consentirai pas, à moins que Seth n’y travaille de même, s’il faut le faire ici. J’irai au village ce matin, parce que M. Burge a besoin de moi ; Seth restera à la maison et commencera le cercueil. Je reviendrai à midi, et alors il pourra partir.

— Non, non, persista Lisbeth commençant à pleurer. J’ai dans le cœur que tu dois faire la bière de ton père. Tu es si fier et si orgueilleux que tu ne veux jamais faire ce que ta mère te demande. Tu t’es souvent fâché contre ton père durant sa vie ; tu n’en dois être que mieux à son égard, maintenant qu’il n’est plus. Il n’aurait pas eu la moindre idée de Seth pour faire cet ouvrage.

— N’en parle plus, Adam, n’en parle plus, dit Seth gracieusement, quoique sa voix indiquât qu’il faisait quelque effort sur lui-même ; la mère a raison. J’irai au travail, et toi reste ici. »

Il passa ensuite à l’atelier, suivi d’Adam, tandis que Lisbeth, obéissant machinalement à ses longues habitudes, commença à desservir le déjeuner, comme si elle n’avait pas l’intention que Dinah la remplaçât plus longtemps. Dinah ne dit rien, mais en prit l’occasion de rejoindre tranquillement les deux frères dans l’atelier.

Ils avaient déjà mis leur tablier et leur bonnet de papier, et Adam se tenait debout la main gauche sur l’épaule de Seth, lui indiquant, avec le marteau qu’il tenait de la main droite, quelques planches qu’ils examinaient. Ils tournaient le dos à la porte par laquelle Dinah entrait, et elle s’approcha si légèrement qu’ils ne s’aperçurent de sa présence que lorsqu’ils entendirent sa voix : « Seth Bede ! » dit-elle. Seth tressaillit, et ils se retournèrent tous deux. Dinah avait l’air de ne pas voir Adam, et, fixant ses yeux sur le visage de Seth, elle lui dit avec une calme bienveillance :