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adam bede.

quand j’étais petit garçon, que si jamais il se décidait à changer de place, ce serait pour aller vers le Sud. Pour moi, je ne sais pas ce qui vaut le mieux. Bartle Massey dit, — et il connaît le Sud, — que les hommes du Nord sont d’une plus belle venue que ceux du Midi ; tête plus dure, le corps plus fort et un peu plus grand. Et puis, dit-il, dans quelques-uns de ces comtés c’est aussi plat que le dos de votre main, et vous ne pouvez rien voir de ce qui est éloigné, à moins de monter sur les plus hauts arbres. Je ne pourrais souffrir cela ; j’aime à aller à mon travail par une route qui me conduise sur quelque élévation, d’où je vois les champs plusieurs milles autour de moi, un pont, une ville, quelque bout de clocher ici ou là. Cela fait comprendre que le monde est grand et qu’il s’y trouve d’autres hommes qui y travaillent aussi des bras et de la tête.

— J’aime mieux les montagnes, dit Seth, quand vous avez les nuages au-dessus de vous et que vous voyez pourtant briller le soleil à grande distance, du côté de Loamford, comme je l’ai souvent vu dernièrement dans des journées d’orage ; il me semble que ça représente le ciel où se trouvent toujours la joie et la lumière, quoique cette vie soit sombre et nuageuse.

— Oh ! j’aime mieux le côté du Stonyshire, dit Dinah ; je n’aimerais pas à me diriger vers ces pays où les gens sont riches en blé et en troupeaux et le sol si plat et si facile à parcourir, et laisser en arrière les montagnes où les pauvres gens ont à mener une vie si dure, et ces usines où les hommes passent leurs jours loin des rayons du soleil. C’est une grande bénédiction dans une triste et froide journée, quand ces sombres nuages roulent sur la montagne, de sentir l’amour de Dieu dans son âme et de le porter dans ces maisons de pierre, isolées et nues, où il n’y a rien d’autre qui puisse soulager.

— Eh ! dit Lisbeth, cela vous va bien de parler ainsi.