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que Dinah lui avait dit, qu’il pensa tout aussitôt à la prochaine visite qu’il ferait à la Grand’Ferme, où Hetty lui montrerait peut-être plus de bonté que précédemment.

« Mais vous n’y serez bientôt plus vous-même ? dit-il à Dinah.

— Non, je retourne à Snowfield samedi, et il me faudra partir pour Treddleston de bonne heure, afin d’être à temps pour le voiturier d’Oakbourne. Aussi dois-je retourner à la ferme ce soir pour passer ce dernier jour avec ma tante et ses enfants. Mais je puis rester ici toute cette journée, si cela fait du bien à votre mère ; son cœur paraissait s’approcher de moi hier au soir.

— Oh ! alors, bien sûr qu’elle désirera vous avoir près d’elle aujourd’hui. Quand ma mère commence à prendre du goût pour quelqu’un, on est certain qu’elle s’attachera réellement à lui ; mais elle a la singulière manie de ne pas aimer les jeunes femmes. Quoique, à la vérité, continua Adam avec un sourire, ce ne soit point une raison pour qu’elle ne vous aime pas. »

Jusqu’alors Gyp avait assisté à cette conversation dans un silence immobile, regardant alternativement le visage de son maître pour en surveiller l’impression, et observant les mouvements de Dinah dans la cuisine. Le doux sourire avec lequel Adam prononça les derniers mots fut apparemment une clarté décisive pour Gyp sur la manière dont il fallait envisager l’étrangère, et comme elle se retournait, après avoir remis en place son époussoir, il s’avança vers elle et posa son museau sur sa main d’une manière amicale.

« Vous voyez que Gyp vous souhaite la bienvenue, dit Adam, et il est très-lent à accueillir les nouveaux venus.

— Pauvre chien ! dit Dinah en caressant cette grossière fourrure grise ; j’ai une étrange compassion pour ces créatures muettes ; il me semble qu’elles ont l’envie de parler