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et cette rougeur augmenta à mesure qu’elle s’en apercevait. Cela rappela Adam à lui-même.

« J’ai été tout à fait pris par surprise ; c’est, une grande bonté de votre part d’être venue voir ma mère dans son affliction, dit-il d’un ton aimable et reconnaissant, car sa perspicacité lui apprit aussitôt pourquoi elle se trouvait là. J’espère que ma mère vous a témoigné sa reconnaissance, ajouta-t-il, très-inquiet et désireux de savoir comment Dinah avait été reçue.

— Oui, dit Dinah en continuant son travail, au bout de quelque temps elle a paru reprendre courage et elle a eu quelques intervalles de bon sommeil pendant la nuit. Elle dormait profondément quand je l’ai quittée.

— Qui est-ce qui a fait connaître cet événement à la Grand’Ferme ? dit Adam, ses pensées se portant sur une personne qui s’y trouvait ; il aurait bien voulu savoir si elle avait ressenti quelque chagrin à ce sujet.

— C’est M. Irwine, le ministre, qui me l’a dit. Ma tante a été bien fâchée pour votre mère, quand elle l’a appris, et m’a engagée à venir ; il en est de même de mon oncle, j’en suis sûre, maintenant qu’il en est instruit ; mais hier il a été tout le jour à Rosseter. Ils seront impatients d’avoir votre visite à la Grand’Ferme aussitôt que vous aurez le temps d’y aller, car il n’y a personne dans cette maison qui ne soit content de vous y voir. »

Dinah, avec sa sympathie intelligente, savait très-bien qu’Adam désirait vivement savoir si Hetty avait dit quelque chose sur son affliction ; elle était trop rigoureusement véridique pour se permettre quelque bienveillante invention, mais elle avait réussi à dire quelque chose où Hetty se trouvait tacitement comprise. L’amour est habile à se tromper lui-même, comme un enfant qui joue tout seul à qui cherche trouve ; il se complaît à des espérances auxquelles en même temps il ne croit pas. Adam fut si satisfait de ce