Page:George Eliot Adam Bede Tome 1 1861.djvu/160

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
144
adam bede.

Mais Adam était rafraîchi par son long repos, et, avec son impatience habituelle contre toute inaction, il était désireux de commencer une nouvelle journée et de vaincre le chagrin par la force de sa volonté et le travail de ses bras vigoureux. Un brouillard blanc s’étendait sur la vallée ; la journée s’annonçait claire et chaude, et il pensait partir pour l’atelier dès qu’il aurait déjeuné.

« Il n’y a rien qu’un homme ne puisse supporter tant qu’il peut travailler, se dit-il à lui-même ; la nature des choses ne change pas, quand même il semble que la vie de chacun n’est que changement. « Le carré de quatre est seize. Il faut élargir la base en proportion du poids, » sont des vérités, qu’un homme sait heureux ou malheureux. Le meilleur côté du travail est de vous captiver et vous distraire. »

Quand il se fut inondé la tête et le visage d’eau fraîche, il se sentit de nouveau complètement lui-même, et, avec ses yeux noirs aussi perçants que jamais et ses épais cheveux brillants d’humidité, il alla dans l’atelier choisir du bois pour le cercueil de son père, comptant l’emporter avec Seth chez Jonathan Burge, pour qu’il y fût fait par un des ouvriers, afin que sa mère ne pût voir et entendre ce triste travail dans la maison. Il venait d’entrer, quand son oreille fine entendit sur l’escalier des pas légers et rapides qui n’étaient certainement pas ceux de sa mère. Étant au lit et dormant quand Dinah était venue la veille, il ne comprenait pas qui ce pouvait être. Il lui vint en tête une idée bizarre qui l’émut étrangement. Si c’était Hetty ! Pourtant c’est bien la dernière personne qui eût pu se trouver dans la maison. Il avait de la répugnance à aller regarder et à se convaincre que ce n’était pas elle. Il resta appuyé sur la planche qu’il avait prise, écoutant des sons que son imagination interprétait si agréablement, que cette forte et intelligente figure s’inonda d’une expression de timide tendresse. Les pas lé-