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mour et d’espérance ce soir-là dans la petite cuisine. Et la pauvre vieille et chagrine Lisbeth, sans avoir aucune idée distincte, sans suivre aucun cours régulier d’émotions religieuses, eut un vague sentiment de bonté et d’amour et de quelque chose de juste qui dominait et dépassait toutes les tristesses de cette vie. Elle ne pouvait comprendre l’utilité de l’affliction ; mais, pendant ces quelques moments, elle sentit, sous l’influence de Dinah, qu’elle devait être calme et patiente.


CHAPITRE XI

dans la chaumière

Il n’était que quatre heures et demie, le matin suivant, lorsque Dinah, fatiguée de rester couchée sans dormir, à écouter les oiseaux, voyant les progrès du jour au travers de la petite fenêtre de la mansarde, se leva et commença à s’habiller sans bruit pour ne pas éveiller Lisbeth. Mais déjà quelqu’un d’autre était debout dans la maison et était descendu, précédé par Gyp. Le piétinement du chien était un signe certain que c’était Adam qui descendait ; mais Dinah ne le savait pas, et elle pensa que c’était fort probablement Seth, car il lui avait dit comment Adam avait passé à travailler toute la nuit précédente. Seth, toutefois, venait de s’éveiller au bruit de la porte. L’agitation morale de la veille, renforcée par la présence inattendue de Dinah, n’avait point été contre-balancée par quelque fatigue corporelle, car il n’avait pas accompli sa tâche ordinaire de pénible travail ; ce ne fut qu’après quelques heures d’insomnie que l’assoupissement vint pour lui et se termina par un sommeil du matin plus pesant qu’à l’ordinaire.