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adam bede.

à manger ; et lorsqu’on lui demanda comment il se faisait qu’il parût cesser de s’affliger, il dit : « Tandis que l’enfant était encore vivant, je jeûnais et pleurais, car je disais : Qui me dira si Dieu ne me fera pas la grâce de laisser vivre mon enfant ? Mais maintenant qu’il est mort, pourquoi jeûnerais-je ? Puis-je le rappeler à la vie ? J’irai vers lui, mais il ne reviendra pas à moi. »

— Eh ! c’est une parole vraie ! dit Lisbeth. Oui, mon vieux ne reviendra pas vers moi, mais j’irai vers lui : le plus tôt sera le mieux. Bien, vous pouvez faire de moi ce qu’il vous plaira ; il y a un bonnet propre dans ce tiroir, et je vais aller dans l’arrière-cuisine me laver le visage. Et toi, Seth, tu peux prendre la Bible neuve d’Adam qui a les images, et elle nous lira un chapitre. Eh bien, j’aime ces paroles : « J’irai vers lui, mais il ne viendra pas vers moi. »

Dinah et Seth rendaient intérieurement grâces à Dieu de ce calme qui se répandait sur l’esprit de Lisbeth. C’était ce que Dinah avait cherché à produire par cette grande sympathie et cette absence d’exhortation. Depuis son enfance elle avait acquis de l’expérience au milieu des malades et des affligés, d’esprits endurcis et rétrécis par la pauvreté, l’ignorance, et elle possédait la perception la plus délicate de la manière dont ils pouvaient le mieux être touchés et amenés à recevoir volontiers des paroles de consolation ou d’avertissement spirituel. Comme Dinah l’exprimait elle-même, « elle n’était jamais abandonnée, délaissée ; mais il lui était toujours donné de savoir quand il fallait parler ou garder le silence. » Et ne sommes-nous pas tous d’accord pour appeler cette promptitude de pensée et cette noble délicatesse du nom d’inspiration ?

Après avoir fait cette analyse subtile, nous devons répéter, comme le faisait Dinah, que rien ne vient de nous, que tout nous a été donné.

Il y eut alors prières ferventes, il y eut élan de foi, d’a-